MASAÏ

MASAÏ
MASAÏ

Le pays masaï, allongé du nord au sud, chevauche la frontière Kenya-Tanzanie: région montagneuse creusée par la Great Rift Valley; l’altitude y varie de 1 500 à 3 000 mètres environ. Elle est dominée par les monts Elgon, Kenya, Kilimanjaro et Meru. L’eau est rare, les pluies peu abondantes. Les Masaï, qui étaient plus de 230 000 en 1975, comportent plusieurs tribus: les Samburu, les Arusha, les Baraguyn ou Kwavi et les Ilmaasaï, et se répartissent à peu près pour moitié dans les deux jeunes États.

La majorité des Masaï tirent leur subsistance d’une forme de pastoralisme nomade. Méprisant les étrangers – leurs voisins bantous et les Européens –, ils ont résisté longtemps à toute acculturation. Leur histoire n’est pas connue: on suppose qu’ils viennent du Nord parce qu’ils parlent le maa, une langue nilo-hamitique.

Une économie d’élevage

Les Masaï possèdent environ une dizaine de bovidés par individu, et autant de chèvres et de moutons. Lait, sang et viande constituent la base de l’alimentation, et sont les seules nourritures permises aux guerriers. Les enfants et les personnes mariées consomment aussi des haricots, du millet, du maïs, obtenus, par échange, des populations voisines. La traite des vaches est faite par les femmes; le bétail est saigné au moyen d’une flèche à tranchant transversal, tirée dans la veine jugulaire. Il est interdit d’absorber lait et viande le même jour; le lait peut être bu mélangé à du sang, mais il ne doit pas être bouilli.

Comme un grand nombre d’animaux est abattu pour la boucherie, le taux naturel de reproduction ne suffit pas à la demande. Les Masaï croient que Dieu leur ayant donné tout le bétail de la terre, ils ont seuls le droit d’en posséder. Aussi la principale occupation des hommes jeunes était-elle, jadis, la guerre afin de se procurer le bétail supplémentaire. Les troupeaux sont marqués au fer rouge d’un signe qui indique le clan du propriétaire. Leur soin est confié aux jeunes garçons et aux vieillards.

Les femmes ramassent le bois et puisent l’eau, construisent les huttes de terre, chargent les ânes et les conduisent lors des déplacements, font les vêtements de peau. Elles commercent avec les tribus voisines, les hommes n’ayant avec ces dernières que des contacts belliqueux.

La chasse, peu prisée, est pratiquée occasionnellement. Seuls, le buffle et l’élan, une grande antilope, considérés comme du bétail, sont propres à la consommation.

Les seuls artisans spécialistes sont les forgerons, caste méprisée.

Les Arusha (environ 68 000) de Tanzanie sont des Masaï devenus agriculteurs, depuis 1830 environ. Fermiers prospères, ils n’en ont pas pour autant rejeté les valeurs des Masaï et acceptent donc d’être tenus pour inférieurs par ceux-ci; comme eux, ils refusent l’occidentalisation. Les Masaï les tolèrent mieux que les Bantous et font beaucoup d’échanges avec eux.

Les campements masaï forment des groupes d’une cinquantaine de huttes: les guerriers habitent des camps spéciaux manyata , où ils vivent avec leurs mères et leurs sœurs célibataires. Les «kraals» (mot d’origine sud-africaine désignant des ensembles d’habitations groupées autour d’un parc à bétail) des personnes mariées sont entourés d’une palissade qui protège, la nuit, le bétail. L’usage de chaque entrée est réservé à une famille.

Clans et classes d’âge

Les clans patrilinéaires, au nombre de six ou de sept, divisés en sous-clans, sont dispersés dans tout le pays masaï. Pour certains auteurs, l’unité exogamique est le clan; pour d’autres, c’est le sous-clan.

Les classes d’âge sont un élément important de l’organisation sociale masaï. À la circoncision, le garçon entre dans la première classe, celle des jeunes guerriers. L’intervalle entre les classes n’est pas régulier: à la demande des aînés, lorsque le besoin s’en fait sentir, une classe est créée au cours d’un rassemblement général; ces aînés sont les parrains des nouveaux circoncis. Tout homme appartient pour la vie à une classe qui traverse chacun des stades marquant les grandes étapes de l’existence humaine. Les classes ont des noms qui paraissent avoir été repris de façon cyclique.

Partant de ces éléments, l’ethnologue H. A. Fosbrooke a essayé de reconstituer l’histoire tribale. Autrefois, les jeunes guerriers, organisés en compagnies sur une base territoriale, étaient astreints à un entraînement rude et soumis à une discipline sévère. Ils n’avaient pas le droit de se marier, mais celui de pratiquer l’amour libre avec des filles de leur âge, sœurs de leurs camarades. Les naissances n’étaient pas souhaitées à ce stade, et les filles enceintes devaient se faire avorter, semble-t-il. Avant le mariage, les filles subissaient la clitoridectomie. Lorsque sa classe d’âge passait au stade suivant, celui de guerrier pleinement adulte, le jeune homme avait le droit de se marier. Habituellement il choisissait lui-même sa fiancée, bien que les unions aient été parfois arrangées par les pères. La dot consistait en quelques têtes de bovidés. La polygynie n’était limitée que par la richesse: s’il arrivait souvent qu’un homme ait deux épouses, il était rare qu’il en possédât cinq. La morale sexuelle était large, chaque homme ayant accès aux femmes de ses compagnons de classe d’âge.

Après une période de quatorze à vingt et un ans, le «guerrier» devenait un «aîné»; désormais, il se rasait la tête et ne portait plus la coiffure nattée.

Structure et politique

La structure politique masaï est fondée sur l’unité de base: la compagnie de guerriers. Chaque compagnie a son chef, responsable des affaires militaires et civiles, qui représente l’autorité politique la plus efficace. Jadis, ce chef était responsable des expéditions, de la répartition du butin, des liaisons avec les autres compagnies et avec les prêtres; il pouvait être démis par ses hommes, ou démissionner. La compagnie était indépendante du conseil des aînés qui dirigeait le «kraal» voisin. Ce dernier était constitué soit d’anciens guerriers ayant appartenu à une même compagnie, soit de personnes de provenances diverses qui pouvaient se séparer. Plusieurs compagnies de guerriers s’associaient en unités plus larges formant soit des «tribus», soit des confédérations plus lâches, dirigées par un conseil d’anciens.

Actuellement, les chefs de compagnie s’emploient à régler les différends et à empêcher les vols de bétail, avec l’aide d’un conseil d’anciens, réalisant ainsi une collaboration entre guerriers et aînés qui ne semble pas avoir existé dans le passé.

Religion

La religion des Masaï a été très peu étudiée. Ils invoquent Enk-ai , le dieu créateur, qui est aussi la pluie et le ciel. Son épouse Ol-apa est la lune. Le culte des ancêtres paraît inexistant, bien que quelques faits indiquent la croyance à la survie. Ainsi les morts ordinaires, exposés aux hyènes, sont pourvus d’une paire de sandales, d’un bâton et d’un peu d’herbe, comme s’ils partaient en voyage; les riches et les prêtres sont enterrés sous un tas de pierre, et leur âme se transforme en serpent.

Les laibon , anglicisation de ol-oiboni , sont devins, faiseurs de pluie, guérisseurs. Ils appartiennent tous au même clan, ne sont pas guerriers et n’ont pas d’autorité politique. Les expéditions militaires étaient soumises à leur approbation, ainsi que les rites de passage. Ils étaient responsables de la fécondité et du bien-être de tous les Masaï.

Massaï ou Masai
peuple vivant au Kenya et en Tanzanie. Ce sont des pasteurs nomades qui parlent une langue nilotique. Venus du Soudan, ils envahirent le Kenya à partir du XVIIe siècle et descendirent jusqu'au centre de la Tanzanie actuelle.
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Masai
V. Massaï.

masaï [masaj] adj. et n.
ÉTYM. 1890, P. Larousse, Deuxième Suppl.; mot de cette langue : il-máásái (pluriel).
Didact. Qui appartient, qui est relatif aux ethnies africaines parlant le masaï (→ ci-après masaï, n. m.) et vivant dans le sud du Kenya et le nord de la Tanzanie. || Pasteurs masaï.N. invar. Personne qui appartient à l'une de ces ethnies. || Un, une Masaï. || Les Masaï.
N. m. || Le masaï : la langue paranilotique (nilo-chamitique dans les anciennes classifications) orientale appartenant au groupe dit bari-massaï, et parlée au Kenya (réserve masaï) et en Tanzanie.REM. Les spécialistes écrivent plutôt maasai.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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